
Dans cet article, nous allons détailler les premières empreintes comportementales ancrées physiquement et émotionnellement dans l’adulte que nous sommes. Ces empreintes créent une empreinte neuronale fondamentale dans notre cerveau puisque ce sont les premières et qu’elles sont chargées d’une forte intensité émotionnelle. Elles sont appelées les matrices péri-natales fondamentales et elles concernent les mémoires émotionnelles vécues depuis notre conception jusqu’à notre sortie du ventre de notre mère.
Elles ont été étudiées et cartographiées par le Dr Stanislas Grof. Elles concernent une partie des mémoires inconscientes de notre cerveau limbique, mémoires enregistrées dans notre corps via le cerveau reptilien.
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ToggleDr Stanislas Grof et ses recherches sur les états modifiés de conscience
Stanislas Grof est un psychiatre tchèque pionnier dans la recherche sur les états modifiés de conscience.
Il commence ses recherches sur les drogues psychédéliques, surtout le L.S.D, en 1956 à l’institut de recherche psychiatrique de Prague où il les poursuit jusqu’en 1967. Il part alors à Baltimore aux États-Unis à l’université Johns Hopkins puis au centre de recherche psychiatrique du Maryland. Il étudie le potentiel psychothérapeutique des états modifiés de conscience induit par l’utilisation du L.S.D. sur des personnes en phase terminale de cancer ou toxicomanes. Ensuite, il développe avec son épouse, Christina Grof, un outil qui permet d’être en état modifié sans substance : la respiration holotropique, équivalent du rebirth ou de la respiration consciente.
Ses recherches montrent qu’en état modifié de conscience, les individus vivent (ou revivent) différentes expériences en lien avec :
- des modifications sensorielles (déformations spatiales et temporelles des sens),
- des expériences biographiques et individuelles, c’est-à-dire en lien avec la vie de l’individu,
- le domaine péri-natal,
- des mémoires familiales, c’est-à-dire vivre une mémoire émotionnelle d’un de ses ascendants
- des mémoires en lien avec l‘inconscient collectif
Ce qui est important de noter, c’est que la traversée de ces mémoires en état modifié de conscience, dans un espace sécure et accompagné, améliore l’état des personnes (moins de dépressions, davantage de sensations d’être soi par exemple). En thérapie, la respiration holotropique peut être utilisée comme une plongée corporelle dans ses mémoires émotionnelles. C’est un outil non directif (on ne peut pas choisir de revivre sa naissance, là, à cette séance!) où la personne, accompagnée par un thérapeute compétent, va voyager dans ses mémoires émotionnelles.
Parfois, cette expérience en état modifié de conscience nous amène à revisiter nos mémoires périnatales et notre naissance. Stanislas Grof détaille la cartographie des matrices péri-natales dans « Les royaumes de l’inconscient humain » de 1975.
Les matrices péri-natales fondamentales (M.P.F)
Se souvenir que plus un évènement est vécu avec une forte intensité émotionnelles, plus il est profondément engrammé dans la mémoire, et cela indépendamment du fait qu’il soit conscient ou non. C’est le cas pour les mémoires périnatales. Le cerveau limbique fonctionne parfaitement depuis 6 semaines de vie fœtale alors que le néocortex n’est pas myélinisé et ne module pas le vécu intellectuellement.
La période fœtale est une phase fusionnelle avec la mère et l’enfant, sur les plans physiques, émotionnels, psychiques et énergétiques. Le fœtus engramme donc profondément le vécu propre de la mère pendant cette période.
Les M.P.F sont au nombre de 4. Elles représentent chacune une étape dans cette 1ère crise existentielle (je suis au chaud dans le bidon, je vis des contractions, je sors, je suis accueilli). C’est une mort renaissance : mort à la fusion et renaissance à une renaissance partielle.
Chaque étape (matrice) est vécue de manière différente par chaque dyade mère-enfant. L’équilibrage entre chaque MPF, ou la prédominance marquée de l’une d’entre elle, crée notre 1ères mémoires, tel un noyau fondateur de systèmes CoEx(Condensed Experiences) sur lesquels vont se greffer d’autres mémoires biographiques et tenter l’adulte que nous sommes.
M.P.F 1 : le paradis
Anatomiquement, cette matrice correspond à la vie fœtale jusqu’à la 1ère contraction. Elle est aréactionnelle et, dans l’idéal, le vécu émotionnel est un vécu océanique de fusion, au chaud, où les besoins sont comblés avant d’être perçus, comme une bulle hors du temps et de l’espace. Parfois, cette vie fœtale est moins paisible (choc émotionnel de la mère, menace de fausse couche…) et les peurs, angoisses, terreurs avec notion de danger sont très présentes.
En état modifié de conscience, une MPF 1 paisible se vivra comme une extase océanique ou cosmique, un éden, une eau chaude et limpide, avec des dauphins…
Tandis qu’une MPF 1 avec des désordres se vivra avec des sensations de dégout, de malaise associées à des images d’égouts, d’eaux polluées, de décharge, de requins…
Un adulte qui aurait une prédominance en MPF 1 aurait une tendance à certains comportements : dépendance, non engagement, la non-implication, recherche du plaisir fusionnel, refus des contraintes et des obligations, grand idéal d’unité, difficulté d’incarnation, attente que les choses se résolvent seules…
M.P.F. 2 : l’enfer, les contractions utérines à col fermé, sans issue
Anatomiquement, cette matrice correspond au moment des premières contractions jusqu’à ouverture suffisante du col pour permettre à la tête de s’engager. C’est une matrice d’inhibition où 30kg de muscles appuient sur 3kg de bébé! Émotionnellement, c’est une expérience majeure du sans issue, de l’attente cauchemardesque, de l’impuissance, du désespoir, de l’incompréhension, de lutte inutile, de l’angoisse, du sentiment de danger de mort, d’agression…
En état modifié de conscience, les images en MPF 2 peuvent être un tourbillon gigantesque et irrésistible, des monstres terrifiants, pieuvres, baleines, pythons, araignée, des prisonniers, des camps de concentration, d’asile, d’inquisition…
Le comportement typique d’un adulte avec une prédominance en MPF 2 : inhibition, soumission, sentiment d’impuissance, culpabilité de fond, sentiment d’infériorité, de ne pas pouvoir réussir, que c’est « trop dur »..
M.P.F. 3 : le combat, la mort, la lutte
Anatomiquement, cette matrice correspond au moment de l’ouverture suffisant du col jusqu’à la coupure du cordon ombilical. Elle est réactionnelle, c’est-à-dire qu’il faut une énorme mobilisation des forces en présence. Cette matrice est émotionnelle puissante : le foetus ressent de fortes pressions mécaniques et des suffocations intenses pendant sa progression. Il est en contact avec des matières biologiques et il expérimente des sentiments mitigés d’énergie puissante mobilisé et de lutte pour sa vie.
En état modifié de conscience, les images évoquées en MPF 3 sont : une nature déchainée, scènes de guerre, de révolution, d’explosion de bombes atomiques, combat avec des animaux sauvages, purgatoire, combat mythologique, torture, sexualité sadomasochiste, sabbat de sorcière, feu purificateur, rituels…
Le comportement typique d’un adulte avec une prédominance en MPF 3 : réactionnel ++, entreprenant, sans repos, hyperactivité, égo surdimensionné, conquérant, bling bling, surtout ne pas s’arrêter…
M.P.F. 4 : la renaissance et l’accueil
Anatomiquement, cette matrice concerne le moment qui suit l’expulsion. C’est la coupure du cordon, la 1ère respiration, la 1ère séparation et le début de l’existence du nouveau né en tant qu’individu autonome. C’est une matrice d’action avec relâchement et soulagement après une tension très forte. Émotionnellement, cette matrice s’accompagne de soulagement, de reconnaissance, de gratitude, de sentiment d’avoir survécu et surmonté les obstacles, de relâchement, du plaisir de sucer…
C’est comme un début de printemps, une fin de tempête, un lever de soleil, une création du monde, avec des lumières radieuses, des plumes de paon, un arc en ciel…
Pour finir
Ces premières mémoires laissent une empreinte profonde dans l’adulte que nous sommes. Nous avons tous une matrice prédominante qui nous agit dans certains moments de grand stress.
Tout se joue autour de l’infernale M.P.F 2. Le bébé vivant cet enfer pourra selon les cas s’inhiber, abandonner et être expulsé sans énergie, bloqué. Ou il pourra régresser, fuir dans le souvenir de la matrice paradisiaque précédente, comme dans un monde refuge. Il se trouvera expulsé en aréaction. Ou enfin, il pourra, ayant tenu bon jusqu’à l’ouverture du col, développer une énergie colossale pour sortir de cet enfer et, surtout, ne jamais y retourner.
Tout comme l’adulte en cas de fort stress où on ne peut faire que attendre : nous pouvons nous couper de l’insupportable en allant dans une bulle refuge, subir en vivant l’insupportable de l’impuissance ou bondir, faire tout péter car l’attente est juste pas possible. Dans l’idéal, en ayant intégré les 3 matrices précédentes, nous acceptons qu’il y a des phases d’attentes dans notre vie, que nous n’avons pas la main sur tout et que la vie est faite de séparations, de cycles et de transformations….sans nous couper de ce qui est là, sans nous effondrer et nous inhiber et sans sur-réagir.





