Pour réduire le risque de phobie, la clé est de prendre chaque petite peur au sérieux, de laisser l’enfant avancer à son propre rythme et de lui offrir un soutien calme et répété dès qu’une situation l’inquiète.
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ToggleQu’est-ce qu’une phobie ?
Une phobie est une peur très forte qui ne disparaît pas facilement même lorsque le danger est faible ou absent. Contrairement à la frayeur passagère devant un chien qui aboie, la phobie du chien revient chaque fois que l’enfant en voit un, même au loin ou sur une photo. Le cœur bat vite, les mains deviennent moites, et l’enfant peut se mettre à pleurer ou à refuser d’avancer. La phobie perturbe donc la vie de tous les jours : promenade au parc, visite chez des amis qui ont un animal, sortie scolaire… Le cerveau associe l’objet de la peur à une menace constante ; c’est ce lien qu’il faut empêcher de se former ou, si c’est déjà le cas, qu’il faut défaire doucement.
D’où vient la peur excessive ?
Plusieurs éléments se combinent :
- Le tempérament. Certains enfants sont plus sensibles aux bruits ou aux surprises.
- Les expériences vécues. Une morsure de chien ou une mauvaise chute peut laisser une trace durable.
- L’observation. Un enfant qui voit souvent un adulte sursauter devant une araignée peut intégrer cette réaction.
- L’imagination. Entre deux et six ans, l’esprit mélange réalité et fiction ; un dessin animé impressionnant suffit parfois à déclencher une peur durable.
Le cercle se referme lorsqu’une réaction très forte est « récompensée » : si l’enfant obtient immédiatement d’être porté ou de quitter la pièce, il comprend que pleurer est un moyen rapide d’éviter la situation, ce qui renforce la peur.
Signes qui doivent alerter ?
Un certain nombre d’indices montrent qu’une simple inquiétude se transforme en obstacle :
- L’enfant organise sa journée pour ne jamais croiser ce qui l’effraie.
- Il présente des symptômes physiques récurrents (maux de ventre, tremblements) lorsqu’il pense à la situation.
- Les tentatives rassurantes habituelles (câlin, chanson, veilleuse) ne suffisent plus.
- Les activités essentielles comme aller à l’école, dormir seul ou jouer dehors deviennent difficiles.
- La détresse dure depuis plus de quatre semaines.
Repérer tôt ces signaux permet d’appliquer des solutions douces avant que la peur ne s’enracine.
Stratégies simples pour rassurer chaque jour.
- Nommer l’émotion : dire « Tu as peur, je le vois » aide l’enfant à comprendre ce qu’il ressent.
- Valider la peur sans la juger : éviter les phrases comme « Ce n’est rien » ; préférer « Je comprends que cela te fasse peur ».
- Proposer de petites étapes : si l’obscurité inquiète, commencer par baisser un peu la lumière plutôt que d’éteindre d’un coup.
- Montrer l’exemple : rester calme, respirer lentement, expliquer ses propres sensations aide l’enfant à copier ce modèle.
- Célébrer chaque progrès : un sourire, un mot encourageant ou un autocollant renforcent l’envie de continuer.

Activités ludiques pour apprivoiser les peurs.
- Dessiner la peur : un monstre crayonné paraît moins effrayant une fois accroché au frigo.
- Inventer une histoire où le héros affronte la même peur et gagne.
- Utiliser le jeu symbolique : faire passer un jouet dans un tunnel sombre pour montrer que « ça se termine bien ».
- Apprendre la respiration « gonfle-ballon » : inspirer doucement par le nez, souffler comme si l’on faisait grossir un ballon imaginaire.
- Créer une “boîte à courage” : y glisser un objet doux, une photo joyeuse ou un mot réconfortant que l’enfant garde près de lui.
Repères d’âge et évolutions normales.
Âge approximatif | Peurs fréquentes | Aide concrète |
---|---|---|
8 mois – 2 ans | Fort bruit, visage inconnu, séparation | Rituels d’au revoir, doudou familier |
2 – 4 ans | Ombres, monstres imaginaires, masque | Lampe douce, histoires drôles sur les monstres |
5 – 8 ans | Tempêtes, blessures, échec scolaire | Informations simples, jeux de rôle sécurisants |
Ces repères varient d’un enfant à l’autre ; ils montrent surtout que la peur change avec le développement. En restant attentif à l’évolution, on distingue mieux la frontière entre peur attendue et phobie.
Quand consulter un professionnel ?
Si la peur persiste malgré les actions quotidiennes, qu’elle s’intensifie ou que le sommeil, l’appétit ou les relations avec les camarades sont touchés, il vaut mieux demander conseil. Un médecin ou un psychologue pour enfants propose des outils adaptés : thérapie du jeu, relaxation, petits défis gradués. Obtenir de l’aide prévient la souffrance prolongée et réduit le risque qu’une phobie s’installe durablement.
En travaillant pas à pas, en restant patient et en valorisant chaque victoire, la famille crée un environnement où les peurs trouvent naturellement leur place : une alarme qui se déclenche quand le danger est réel, puis s’éteint quand la situation redevient sûre. C’est ainsi qu’on protège l’enfant et qu’on l’aide à grandir confiant.